Projet Éducation par la Nature
Projet La Nature au service du soutien à l'apprentissage et au soutien affectif
Dans le cadre de l’appel de projet du Ministère de la Famille, visant le rehaussement de la qualité éducative des services de garde éducatifs en milieu familial, le Bureau coordonnateur de la garde en milieu familial Les Frimousses de la Vallée a reçu une subvention lui permettant de faire vivre l’approche de l’éducation par la nature aux RSGE de la région. En effet, des besoins de soutien dans les domaines langagier et affectif ont été soulevés et l’approche de l’éducation par la nature s’est avérée prometteuse pour répondre à ce besoin! Par ailleurs, 30 RSGE se sont inscrites et ont participé à la formation offerte par la Coopérative Enfant Nature et ont l’occasion de participer à une communauté de pratique réflexive sur l’approche et accompagnée par leur agente de soutien pédagogique.
Qu’est-ce que l’approche de l’éducation par la nature (ÉPN)? C’est bien plus que de passer du temps en nature avec les enfants! L’ÉPN est premièrement en concordance avec le programme éducatif Accueillir la petite enfance puisqu’elle place entre autres l’enfant au cœur de ses apprentissages et l’adulte comme accompagnateur de ses découvertes. C’est en plus une autre vision du temps! La priorité est laissée à l’exploration libre de l’enfant et à la saine prise de risque. Le jeu et l’exploration, qu’il soit dans un parc, dans une cour ou dans une forêt, par exemple, sont majoritairement vécus à l’extérieur avec des éléments naturels et des objets polyvalents (planches de bois, bâtons, roches, bûches, copeaux de bois, etc). Le contact avec la nature favorise par ailleurs l’éveil à la sensibilité écologique. Finalement, la collaboration avec les parents et la communauté est primordiale, tel que le définit aussi le programme éducatif du Ministère.
L’ÉPN, quoiqu’encore émergente, démontre déjà des impacts positifs en petite enfance, à plusieurs niveaux! Ce texte de vulgarisation s’intéressera à certains aspects, qui reflètera notamment le nombre important de demandes de soutien que nous avons pour les enfants ayant des besoins au plan langagier ou émotionnel/comportementaux, en plus d’adresser le contexte du multiâge.
Avant même de parler de l’éducation par la nature, jouer simplement à l’extérieur réduirait l’inattention, le stress et l’anxiété chez l’enfant. De plus, cela augmenterait les compétences motrices, mentales et stimulerait la créativité1. Par ailleurs, être souvent à l’extérieur serait lié, chez les jeunes enfants, à moins de risque d’infection2!
Lorsque la cour devient naturalisée (potager, tronc d’arbre, arbres, matériel polyvalent et naturel…) cela augmenterait la qualité des échanges sociale entre les enfants, diversifierait leurs jeux, augmenterait la créativité, diminuerait les comportements perturbateurs et d’hyperactivité. Lorsqu’ils diversifient leurs jeux, les enfants ont généralement plus d’interactions, ce qui peut faciliter l’acquisition de compétences sociales3.
La cour naturalisée, le parc ou le lieu naturel, stimuleraient plusieurs sens en simultané, tandis que l’environnement intérieur stimule majoritairement la vue et l’ouïe1. Il est vrai que l’odorat et le toucher sont particulièrement stimulés à l’extérieur, où les textures et les odeurs sont multiples, comparativement à un environnement assez lisse, composé de plastique ou de bois fini, à l’intérieur.
Des recherches plus spécifiques en éducation par la nature démontrent que l’approche au sens global pourrait assurer un plus grand bien-être et fonctionnement social et émotionnel4. Par ailleurs l’ÉPN aiderait aussi les enfants à acquérir des capacités d’autorégulation de leurs émotions (apprendre à revenir au calme, par exemple)3.
En réduisant l’anxiété, l’inattention et en augmentant la créativité, les compétences motrices, le bien-être, le fonctionnement social et émotionnel, il est possible de s’imaginer comment les enfants plus turbulents peuvent bénéficier de l’approche par la nature! Il est probable que certaines d’entre vous aient déjà expérimenté les bienfaits des sorties extérieures prolongées auprès d’enfants ayant des difficultés à s’autoréguler.
Finalement, très peu d’études se sont penchées sur l’effet de l’éducation par la nature sur le développement langagier des jeunes enfants. Certaines pistes sont avancées : un contexte d’éducation par la nature serait propice naturellement au développement langagier. En effet, un environnement extérieur stimulant provoque naturellement des interactions verbales entre les enfants et entre les enfants et les adultes à mesure qu’ils font des découvertes, qu’ils désirent partager ce qu’ils font ou comprendre ce que l’autre fait. Les stratégies de stimulation du langage utilisées par l’adulte sont évidemment très importantes5.
EPN et poupons/trottineurs
Il y a peu de recherche sur l’éducation par la nature (ÉPN) chez les trottineurs et les poupons malgré qu’ils représentent un nombre important des enfants en service de garde. Certains constats sont observés: les adultes craindraient davantage pour la sécurité des plus petits, ils aménagent donc des environnements extérieurs plus artificiels et sécuritaires que pour les plus vieux. De plus, les adultes leur offriraient moins d’occasions de se déplacer librement, en plus d’être plus souvent séparés des enfants plus vieux. En effet, l’observation des pratiques dans ces milieux de la petite enfance a permis d’observer que certaines éducatrices n’encourageaient pas les moins de trois ans à explorer les éléments naturels et pouvaient même en décourager l’exploration (bâtons, plantes)2. Pourtant les poupons et les trottineurs bénéficient du contexte de jeu à l’extérieur, car il y aurait plus d’interactions sociales entre eux et les enfants plus vieux qu’à l’intérieur1. En effet, à l’extérieur, les enfants plus jeunes peuvent bénéficier d’observer et de s’engager dans le jeu avec les enfants plus vieux et ces derniers peuvent prendre l’habitude de prendre soin des plus jeunes2. Les adultes avaient par ailleurs été surpris de constater comment, dans un environnement naturalisé, les poupons et trotinneurs explorent avec plus d’attention et plus longtemps leur environnement5. Les plus jeunes bénéficieraient donc eux aussi d’un environnement naturel!
Pistes de réflexions et d’action
Voici certaines pistes de réflexion et de mise en action proposées par certains experts de la petite enfance dans le contexte de l’ÉPN.
- Voir l’environnement extérieur (la cour, le parc, la forêt, le champ) comme un lieu tout aussi éducatif que le local intérieur (et non pas seulement récréatif) aiderait les éducatrices (RSGE) à offrir un contexte éducatif enrichissant tout en accompagnant les apprentissages4.
- Les enfants ont besoin de prendre des risques afin d’avoir plusieurs opportunités de développer leur domaine physique et moteur, entre autres. Les enfants devraient donc se trouver dans un contexte sécuritaire lorsque nécessaire et non pas ‘’aussi sécuritaire que possible’’. Le paradigme ‘’aussi sécuritaire que possible’’ amène généralement des environnements ou des règles de jeux offrant peu de défi au plan moteur5.
Poupons /trottineurs2 :
- Pour que l’adulte éducateur soit plus confiant face au tout-petit, un mélange de matériel contemporain et de matériel naturel peut être offert afin de supporter de façon appropriée le besoin de prise de risque avant 3 ans.
- L’éducatrice (RSGE) peut se placer au sol afin de se mettre à la hauteur des enfants afin de voir à quoi peut ressembler le vécu des poupons/trottineurs, à leur niveau, pour ainsi adapter l’environnement.
- Que l’environnement extérieur ne soit pas seulement vu comme un contexte de risque. Plus l’adulte lui-même prend plaisir dans cet environnement, plus l’expérience est enrichissante pour l’enfant.
Voici des liens web vers des textes et outils entourant l’approche de l’éducation par la nature ainsi que les références qui ont permis d’écrire ce texte.
Des articles de vulgarisation :
https://centdegres.ca/ressources/pedagogie-plein-air
Le projet Alex de l’Association Québécoise des CPE :
https://www.aqcpe.com/projets/alex/
Groupe de recherche de l’UdeL et liste de ressources sur l’approche :
https://umr-pegn.fse.ulaval.ca/ressources/
Groupe de recherche de l’UQTR (ÉNa-TerrA) :
https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/portail/gscw031?owa_no_site=7371&owa_no_fiche=46&owa_bottin=
Coopérative enfant Nature :
https://coopenfantnature.org/
Références :
1 Hall, E., Howe, S L., Roberts, S., Shaffer, L F., & Williams, E. (2014). What Can We Learn through Careful Observation of Infants and Toddlers in Nature. Children, Youth and Environments 24(2): 192-214.
2 Kemp, N. & Josephidou, J. (2021): Babies and toddlers outdoors: a narrative review of the literature on provision for under twos in ECEC settings, Early Years, DOI: 10.1080/09575146.2021.1915962
3 Johnstone, A., Martin, A., Cordovil, R., Fjørtoft, I., Iivonen, S., Jidovtseff, B., Lopes, F., Reilly, J J., Thomson, H., Wells, V., et al. Nature-Based Early Childhood Education and Children’s Social, Emotional and Cognitive Development: A Mixed-Methods Systematic Review. Int. J. Environ. Res. Public Health 2022, 19, 5967.
4 Monti, F., Farné, R., Crudeli, F., Agostini, F., Minelli, M. & Ceciliani, A. (2019) The role of Outdoor Education in child development in Italian nursery schools, Early Child Development and Care, 189:6, 867-882.
5 Veselack, E., Miller, D. & Cain-Chang, L. (2015) Raindrops on noses and toes in the dirt : Infants and toddlers in the outdoor classroom. Dimensions Educational Research Foundation.
6 Bouchard, C. et Leboeuf, M. (2024). L’éducation par la nature pour soutenir de saines habitudes de vie chez les enfants – Une porte ouverte sur leur développement à l’éducation préscolaire. Revue Préscolaire, 62(1), 53-58.